DÉCLARATION DU BP DU CC DU KNE APRÈS LE MEURTRE D’UN JEUNE DE 15 ANS.
J'ai mis trop de temps, je le sais, avant d'enfin trouver celui de donner la place nécessaire à ce communiqué. Il fallait publier ce communiqué pour couper court à toutes les conneries qu'on raconte dans notre beau pays des droits de l'homme concernant la situation en Grèce.
Il fallait être solidaire de cette Grèce des Kapetanios (voir le livre de Dominique EUDES aux Editions Fayard, et paru en 1970 !); cette Grèce populaire et révolutionnaire trop souvent sacrifiée (voir l'histoire tourmentée de la Grèce du XX° siècle) sur l'autel des équilibres de la terreur... Cette Grèce de Yannis RITSOS, à qui je donne la parole après le BP du CC de la KNE.
"Nous condamnons le meurtre de sang froid d’un jeune de 15 ans, Alexandros Andreas Grigoropoulos commis dans le quartier d’Exarchia à Athènes.
Les dirigeants des forces de police et le gouvernement en portent la responsabilité écrasante. Ce drame est le résultat de l’instruction et des directives données aux forces de sécurité, qui les dirigent contre le peuple, contre le mouvement social et la classe ouvrière, contre la jeunesse en lutte.
Les mesures répressives de l'État correspondent entièrement aux attaques qui frappent la vie quotidienne et le droit des jeunes au travail, à l’éducation, à un emploi stable, à travers la flexibilité. Leur but est d’intimider les travailleurs et la jeunesse.
Les actes de vandalisme et les voies de fait n'ont rien à voir avec le mouvement populaire de masse. Ces actes légitiment la violence et l'autoritarisme. Par ailleurs, elles sont utilisées comme un alibi par le gouvernement réactionnaire de la « Nouvelle Démocratie » (droite NDRL) comme par ses prédécesseurs pour dissimuler le fait que la vraie cible de la répression étatique est le mouvement ouvrier.
La seule réponse efficace aux provocations du gouvernement est l’organisation du mouvement social, la mobilisation de la jeunesse, combative, organisée et disciplinée. Les causes réelles et la responsabilité de ce drame ne doivent pas être dissimulées comme ça s’est passé dans d'autres cas (par exemple la torture des immigrés dans les commissariats de police, le passage à tabac d’un étudiant à Salonique, etc.) Nous appelons la jeunesse à exprimer fortement son indignation, et de faire, par l'intermédiaire de sa lutte organisée, désigner les responsabilités politiques, criminelles de la répression policière.
Les écoles, les universités, les instituts d'enseignement technique, de formation professionnelle et les écoles du soir doivent rester fermés. Les organisations de masses doivent diffuser des déclarations condamnant les agressions policières et organiser des manifestations de masse et des rassemblements.
Nous appelons les jeunes, ensemble avec les travailleurs à prendre part en masse à :
- aux manifestations organisées par le Parti communiste de Grèce et la Jeunesse communiste à Athènes et dans toute la Grèce contre l'État policier
- à la grève générale le mercredi 10 décembre par les organisations syndicales de classe, aux rassemblements organisés à Athènes et dans 63 villes de Grèce.
Athènes, 7-12-2008, Le bureau de presse du CC de la KNE/e-mail:cpg@int.kke.gr "
Maintenant, place à Yannis RITSOS, un extrait de "Les quartiers du Monde" (1951):
"Ah, ce vent ne veut pas se taire
Il souffle, souffle, souffle
mêlant les voix et les pages de l'histoire
mêlant les étincelles de tous les incendies du monde
il ébranle une grande forêt d'espoirs
déchire les drapeaux des ministères
il s'arrête un moment pour nouer ses lacets derrière l'enclos calciné
et il s'en va, il s'en va. Tant d'années déjà
il n'a pas encore fini. Il enjambe
les fenêtres des maisons brûlées
il porte les gros souliers des tués -
on entend ses pas dans la rue asphaltée
ses pas dans la plaine nue semée d'ossements
ses pas sur la grande montagne couverte de crânes et de corbeaux
ses pas dans les tranchées et les casernes le soir
et quand les clairons sonnent l'extinction des feux dans les casernes
on entend mieux ses pas...
.../...
... Ce vent ne veut pas se taire
il siffle, siffle, siffle
siffle vive à l'oreille des tués
et les tués ouvrent les yeux
il siffle, siffle, siffle
et passe entre les jambes des pendus
il éveille les pendus
et les pendus montent sur le dos du vent, et courent vers l'immortalité
traînant derrière eux leur corde cassée.
Ainsi Petros est parti dans l'or du soleil couchant,
ainsi Fucik et Péri et Zoïa,
sortant de leurs poches des milliers de tracts
et ce vent qui fait tourbillonner les tracts
par-dessus les toits de la ville
par-dessus les bateaux
les casques des nazis
en face des fenêtres brûlées
dans les camps de concentration
le vent accroche les tracts aux barbelés
le vent qui soulève les tracts
jusqu'à la cellule de Lambrinos et de Themos Cornaros
et les gens attrapant les tracts et criant vive
la Liberté ou la Mort
la Liberté ou la Mort
les gens qui se battaient et qui tombaient
qui tombaient qui souriaient
embrassaient le monde et souriaient
et arrachaient avec leurs doigts la balle enfoncée dans leur poitrine
et revenaient parmi nous et se battaient
et se battaient et souriaient
la Liberté ou la Mort
la Liberté ou la Mort.
(...)"