PASTEUR, REVIENS, ILS SONT DEVENUS FOUS !
À propos de la campagne de vaccination contre le virus A/H1N1, il me semble nécessaire de faire un peu le point pour qu’on s’y reconnaisse mieux dans le fatras d’affirmations de toutes sortes qui se répandent partout, dans les médias et l’opinion publique.
Il me semble qu’on critique un peu trop systématiquement et sans nuances les dispositions prises à cette occasion par notre gouvernement. Cela permet à un courant obscurantiste de se développer et de faire d’énormes dégâts dans nos populations, au point que les personnels de la santé publique eux-mêmes en sont aussi victimes.
Nous avons eu à faire face le plus rapidement possible à une pandémie internationale.
Cela est-il contestable ? Il me semble que non, car sur toute la surface de la planète, sur tous les continents, on a pu en suivre la progression.
Alors, si la responsabilité des autorités médicales internationales (OMS) peut être engagée, c’est essentiellement en cas de sous-estimation de cette pandémie avec des conséquences catastrophiques pour la vie humaine. Ce qui ne semble, pour le moment, pas la réalité.
C’est aussi le cas si chaque pays est laissé seul face à la nécessité de renforcer les défenses immunitaires de sa population, et là en particulier, je pense aux pays pauvres… et à ce niveau, il y aurait des choses pertinentes à dire sur ce sujet !
Ce qu’il faut constater, essentiellement dans notre pays, c’est la mise en place d’un coup médiatique qui a son coût économique.
Il ne fait aucun doute que la focalisation sur la pandémie permet d’éviter le débat sur toutes les autres questions posées à notre société, et en particulier les questions sociales.
Reconnaissons pourtant, qu’alarmés par les risques d’une pandémie aussi grave - ou plus - que celle de la grippe espagnole au début du XX° siècle, les autorités françaises ont essayé d’être « à la hauteur ». On ne peut pas le leur reprocher.
Après les retentissantes affaires du sang contaminé, de la canicule, etc. les autorités ont tenté de justifier une campagne de vaccination de toute la population par un réflexe de peur qui s’est finalement retourné contre le principe de la vaccination lui-même. Y ont contribué notamment la controverse sur les adjuvants et le flottement autour de la nécessité de la double dose pour valider la protection vaccinale.
Aujourd’hui, on reproche au gouvernement d’avoir gaspillé l’argent public par l’achat de 94 millions de doses alors que finalement seulement 5 millions de personnes ont été vaccinées. N’oublions pas non plus que la France a donné 10% du stock total à la solidarité, ce qu’il serait insupportable de lui reprocher. Si on divise 94 millions par 2 on obtient 47 millions ce qui situe les provisions au bon niveau pour une couverture de l’ensemble de notre population. (NB: on apprend aujourd'hui que Roselyne Bachelot annule la commande de 50 millions de doses, ce qui confirme notre analyse).
Il n’est cependant pas faux de dire que les firmes pharmaceutiques ont trouvé chez la ministre de la santé un écho très favorable à la relance de leurs affaires. La rumeur publique ne risque absolument aucun démenti sérieux tellement les actes du gouvernement en sont patents, dans tous les domaines, depuis l’accession de Monsieur Sarkozy à la Présidence !
Ce n’est cependant pas là-dessus que je ferais porter l’essentiel de mes critiques (je ne découvre pas aujourd’hui le régime économique dans lequel nous vivons !), mais sur le fait que seulement 5 millions de personnes ont accepté ou pu effectuer cette vaccination. Et si je tire la sonnette d’alarme, c’est à propos de la mise en cause du principe-même de la vaccination, au pays de Pasteur ! Car il est mis en cause y compris par une partie non négligeable du personnel médical : le vaccin était présenté comme un danger pour la santé des patients ! Voilà où mène le discrédit des institutions et de ceux qui en sont chargés, comme voilà où mène la sous-culture qui se développe. Le résultat, c’est que seulement 10% des personnes ont été vaccinées. C’est le véritable échec du gouvernement et des autorités médicales : on a crié au loup et il n’a pas eu de loup ! La prochaine fois, les conséquences risquent d’être tragiques.
L’autre échec c’est celui de l’organisation : en 3 mois de campagne de vaccination (je viens de recevoir mon bon alors que le virus sévit partout depuis belle lurette), le système mis en place sans concertation, ni avec les hôpitaux ni avec les médecins libéraux, a montré des limites dramatiques. Le dispositif mis en place coûte à lui seul bien plus que le simple achat des vaccins. (Déjà on annonce que dès la semaine prochaine, les médecins-traitants vont pouvoir procéder aux vaccinations de ceux qui seront munis de bons.)
Il faudra tirer des conséquences face à ces 3 constatations principales:
- une culture scientifique qui fait de plus en plus défaut au niveau du système éducatif ;
- une mauvaise campagne d’information ;
- une organisation lente, lourde, inefficace et dispendieuse…
Telles sont, à mon sens, les ingrédients de l’expérience qui vient d’être faite et qui ne doit pas rester inutile.
NOSE DE CHAMPAGNE.