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LE MERLE MOQUEUR
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10 mai 2009

LES TOUJOURS DERNIERES NOUVELLES DU PERTHOIS

8 MAI, OUI… MAIS

Mon cher Rica, mes cher-e-s ami-e-s,

Da_zdravstvuet_nasha_Pobeda_21_Marka_SSSR_1945Attendez-vous à savoir que, pour accompagner le soleil qui troue ce matin les nuées qui déversèrent hier sur nous des trombes d’eau, j’ai ôté de la platine la « Symphonie pour orgue » de Camille Saint-Saens pour la remplacer par le « Don Quichotte » de Richard Strauss.

Nous allons ainsi, muni de ce viatique, tenter de vous entretenir et de méditer sur ce que nous avons entendu et constaté lors des cérémonies du 8 mai tout frais. Mais nous en ferons encore bien plus sur ce que nous n’avons pas entendu !

Nous ne savons pas si votre calendrier républicain personnel comporte les mêmes repères que le nôtre. Les quelques étapes principales entre toutes qui le jalonnent sont : le 14 juillet, Fête de la Fédération – Fête Nationale (et non le défilé militaire assorti de la garden-party) ; le 23 mai (une des journées de « la semaine terrible ») commémorant la Commune de Paris en 1871 ; le 1er Mai, Fête de lutte des travailleurs du monde entier, à l’instigation de l’Internationale Socialiste (la vraie) de 1889 ; le 6 novembre, Fête du déclenchement de la Révolution d’Octobre à Saint-Pétersbourg en 1917 ; le 25 décembre, commémoration de la naissance… du Parti communiste Français à Tours en 1920 ; le 8 mai, commémoration de la capitulation nazie en 1945… C’est pourquoi nous tenons beaucoup à perpétuer le symbole du 1er Mai dans notre ville capitale du Perthois avec les camarades, et à être présent aux commémorations officielles et manifestations des 8 mai et 14 juillet.

Ainsi donc, dans la capitale du Perthois, le cortège (après celui des 150 présents au 1er mai) de 120 personnes rassemblées à la Nécropole nationale de La Fauvarge, a rejoint le monument aux morts de la Place Joffre, où le Sous-préfet Raymond Floch a lu devant 200 personnes le message du ministre Jean-François Bockel. Le message du 64° anniversaire mettait l’accent sur la barbarie, les souffrances indicibles subies dans l’univers concentrationnaire auxquelles cette date mettait fin… Dommage que les Gazaouis ou les Palestiniens de Cisjordanie ne puissent partager cette ferveur !

Il soulevait également la question de la nécessité de transmettre le souvenir et les valeurs  restaurées dans la douleur, aux générations futures. Là, cher Rica  et cher-e-s ami-e-s, une petite difficulté apparaît face à nos cérémonies un peu réductrices. Songez, en effet, que la date de la capitulation de « la bête immonde » n’est déjà pas une date partagée. Nous nous honorons, par exemple, dans nos terres champenoises, de la signature par le Maréchal Jodl de la reddition des troupes allemandes à Reims le 7 mai 1945.Pour la communauté internationale, c’est le lendemain, le 8 mai à Berlin que le Maréchal de l’Union Soviétique Gueorgui Joukov recevait la capitulation du Maréchal Keitel. Et, enfin, c’est le 2 septembre 1945 seulement, que le Général Umezu a signé la capitulation sur le pont du cuirassé américain Missouri ancré dans la baie de Tokyo.                                                                  

Admettons donc, que le 8 mai 1945 soit enregistré comme le jour de la capitulation nazie sur le théâtre européen des opérations de la Seconde Guerre Mondiale.

Autre remarque importante, pensons-nous tout de même, les conditions techniques de la transmission supposent le contact. Lorsque les publics écoliers, collégiens, lycéens et citoyens sont aussi massivement absents des cérémonies, il est bien compliqué de « transmettre le témoin ». Lorsque nous, Rica et mes chers ami-e-s, nous étions jeunes, nos maîtres d’école nous conduisaient dans ces manifestations. Nous ne pouvons que regretter la disparition de ces pratiques et nous nous indignions que trop de passants, sur le parcours des cortèges, ne conçoivent plus le 8 mai que sous l’angle d’une fin de semaine prolongée !

Le dernier point de ce monologue que nous vous imposons, cher-e-s ami-e-s nous l’espérons sans trop de violence  (nous haïssons la violence), concerne le passage de la lettre de Jean-Marie Bockel sur  «les valeurs à partager avec les générations futures ». Car le message ministériel évoque « la liberté et la fraternité, fondements de notre  contrat social ». Cela ferait assurément retourner, si c’était possible, notre maître spirituel François-Noël Babeuf au fond de son tombeau. Car ce que nous entendons le mieux à ce stade du discours, c’est le retentissant silence sur cette partie du triptyque républicain : l’égalité. Immédiatement, nous l’affirmons, sans égalité, les vœux de liberté et de fraternité ne sont au mieux que des vœux pieux ou des vieux peu ! Dans son « Manifeste des plébéiens » Gracchus Babeuf montre bien qu’escamoter la question de l’égalité, c’est taire pour la masquer la nature sociale injuste du régime qui nous régit. L’égalité et la fraternité sans la liberté finissent dans l’anéantissement. La liberté et l’égalité sans la fraternité, on en imagine les limites.  La liberté et la fraternité sans l’égalité, notre quotidien nous instruit suffisamment sur l’énorme tromperie et la spoliation fantastique à quoi cela sert d’alibi.   

Sans chercher l’exhaustivité, cher Rica et cher-e-s ami-e-s, nous nous bornerons à cet exercice risqué de mettre en évidence hors du contexte quelques phrases tirées de la pensée babouvienne, à l’origine du courant communiste français, dès la fin du XVIII° siècle. « … Il ne devrait y avoir jamais eu d’institutions qui favorisassent l’inégalité, la cupidité, qui permissent que le nécessaire des uns pût être envahi, pour former un superflu aux autres… ». « … La base de la constitution républicaine des français sera la limite du droit de propriété… ». « … La supériorité de talent et d’industrie n’est qu’une chimère et un leurre spécieux, qui a toujours indûment servi aux complots des conspirateurs contre l’égalité… ». « … On ne parvient à avoir trop qu’en faisant que d’autres n’aient point assez… ».

Parvenant donc à ce moment des « Dernières nouvelles », alors que Strauss s’est tu et que je vais poser le prélude d’ « Irmelin » de Frederik Delius, sur la platine, nous allons conclure par un appel enflammé de François-Noël Babeuf avant d’aller allumer le barbecue pour la sardinade.

« Peuple ! Réveille-toi à l’espérance, cesse de rester engourdi et plongé dans le découragement… Que le combat s’engage sur le fameux chapitre de cette égalité proprement dite, et sur celui de la propriété ! ». C’est en effet, face à la crise, le seul débat qui vaille !

Avec toute la chaleur de notre fraternité vers vous tous, à bientôt de vous retrouver.

Votre Usbeck le Jeune du Perthois.

Transmis par NOSE DE CHAMPAGNE.

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