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LE MERLE MOQUEUR
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15 novembre 2008

TRIBUNE D’ANDRE GERIN DANS L’HUMA DU 14/11/2008

1094628_1392856_90a8eUn appel aux communistes : Faisons respecter le vote des 29 et 30 octobre


« Le choix des communistes risque d'être remis en cause. Bafouant nos statuts qui constituent notre loi commune, une partie de l'équipe dirigeante se livre à des tentatives multiples pour dévoyer le vote des adhérents. Alors même que certains d'entre eux ont voté la base commune, lors de la réunion du conseil national du 5 septembre, ils tentent de forcer le passage pour changer le nom du PCF. Ils sont capables de dire tout et son contraire en trichant, la main sur le cœur.

Faire respecter le choix des adhérents est essentiel pour que le 34ème congrès soit un congrès exceptionnel qui scelle l'unité des communistes. C'est une exigence si l'on veut rétablir la confiance ! Depuis plusieurs congrès, la base militante se sent méprisée. En ne respectant pas son expression, on ouvrirait la porte à la paralysie, au déchirement et à l'éclatement.

Qu'une partie de la direction continue d'être favorable à la création d'une nouvelle force politique n'est pas en soi choquant. En revanche que cette frange fasse semblant d'ignorer que l'immense majorité des communistes veut préserver un PCF autonome et tente de lui imposer un autre choix : là, je dis attention, danger de division. Battus par les militants de base, ces dirigeants n'acceptent pas le verdict des adhérents et leur dénie le droit
à la souveraineté.

En choisissant de ne pas présenter de texte alternatif, alors qu'ils sont en désaccord avec l'orientation de la base commune qui affirme la nécessité du PCF, les camarades qui se prononcent pour une autre formation politique ont cherché à camoufler derrière l'abstention, le non vote, le vote blanc ou nul, le fait qu'ils sont minoritaires. L'assemblée générale des communistes, en décembre 2007, était claire sur ce point. En jouant la confusion au moment où la lame de fond de la crise financière s'apprête à déferler sur notre peuple, ils portent une lourde responsabilité. C'est le moment où jamais de parler clair et de serrer les coudes. De faire preuve d'esprit de responsabilité. L'heure n'est vraiment pas aux petits calculs personnels et aux querelles de chapelle. Nous devons faire corps avec les adhérents, avec tous les communistes.

Il faut mettre en échec les opérations de recomposition politique auxquelles se prêtent des dirigeants du PCF de plusieurs sensibilités. Ces manœuvres visent à paralyser le Parti communiste français, à dévaloriser son action. Entre ceux qui veulent participer à une refondation de la gauche, à un grand parti de gauche, à un nouveau parti à côté du PS et ceux qui lorgnent vers un nouveau PS à la Mélenchon, il est de plus en plus évident qu'il y a un point commun : écarter durablement du paysage le PCF comme force politique nationale,
écarter durablement la force politique qui veut le renversement du capitalisme.

Soyons clairs : le vote sur les textes indique un réel mécontentement des communistes qui ne se retrouvent pas dans la base commune. Mais le résultat du scrutin, notamment, au regard du vote au précédent congrès, la progression des textes alternatifs qui veulent le renforcement politique et idéologique du PCF, indique nettement dans quel sens ils veulent aller. Après le vote des textes, le Parti communiste français doit entrer dans le vif du congrès avec les assemblées de cellules, là où elles existent, les conférences de section et départementales, enfin le congrès par lui-même.

C'est le moment de mettre en oeuvre des pratiques démocratiques inédites que tous les communistes appellent de leurs vœux. L'exemple devrait venir d'en haut. Je crois que c'est peine perdue. C'est à la base d'avoir le dernier mots. Car ces pratiques doivent respecter les statuts, ce qui n'empêche pas de proposer des modifications que le congrès pourrait entériner. Nous devons veiller, sans parler d'arithmétique, que le choix des communistes se reflète dans les conférences et le congrès. L'élection des délégations à chaque niveau doit requérir toute notre attention. De la façon dont elles seront constituées dépend la qualité démocratique du congrès.

Deux critères sont essentiels :
- il faut encourager au maximum l'élection de camarades issus des milieux populaires et du monde du travail, implantés parmi eux. Cela suppose du volontarisme. La vie politique française, le comportement des élites agissent comme des repoussoirs. Le traumatisme des années Jospin est loin d'être résorbé chez les
militants les plus touchés par les agressions du capitalisme.

- l'affirmation majoritaire des communistes en faveur du maintien de l'existence du PCF doit se refléter dans les délégations, en ayant le souci d'une réelle représentativité des différentes approches et conceptions du devenir du PCF. C'est la garantie d'un débat franc, loyal, fructueux. C'est la garantie d'élire des directions ayant une réelle légitimité, sous peine de tri sélectif qui écarte des adhérents. C'est la logique de l'appareil étouffant la voix plurielle des communistes.

S'il est un terrain sur lequel le PCF doit innover, c'est bien celui-là. Il faut en finir avec les pratiques de secret, de cooptation, de préparation opaque des élections. La question des directions doit devenir pleinement partie prenante du débat démocratique au sein du parti. Nous ne devons plus craindre l'expression des individualités encore moins les fuir ou les étouffer dans les carcans bureaucratiques. Le communisme du XXIème siècle
revendique le droit à la personnalité, à l'originalité, à la différence, au non-alignement. Il faut absolument sortir d'une logique de « plus petit dénominateur commun » et promouvoir des cadres qui, tout en restant liés étroitement au parti, savent exprimer leur point de vue et prendre des risques politiques.

Il nous revient de porter dans la situation actuelle, plus que jamais, les couleurs du Parti communiste français et de dire aux gens que l'on veut une société communiste pour remplacer ce capitalisme destructeur. Annonçons donc la couleur. Je pense d'ailleurs que cette idée manque dans le document de base commune et s'il y a une chose que je partage avec les autres contributions, c'est que l'on ne peut laisser cette base commune dans son état actuel, qu'elle a besoin d'être revue pour appeler à du communisme tout de suite, à une démocratisation du PCF avec une direction qui anime et dynamise, avec des dirigeants de terrain travaillant au rassemblement, aux luttes, pour des avancées politiques et pour l'émancipation humaine.

Pour les communistes de France, c'est l'heure de vérité. Nous devons faire respecter le vote des 29 et 30 octobre 2008. Je crois, comme le dit Henri Malberg dans son livre :

« Parce que le Parti communiste a de l'avenir » qu'il faut refuser le pari de l'échec ou de l'immobilisme. L'heure est à l'unité des communistes dans l'action.

Vénissieux, jeudi 13 novembre 2008,

Par André GERIN, Membre du conseil national du PCF,
Maire de Vénissieux, Député communiste du Rhône. »

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