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LE MERLE MOQUEUR
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28 juillet 2007

NATURES...

HETRES_FAUX_DE_VERZY"Les Chroniques du Yéti" (www.yetiblog.org/) abordent souvent des sujets de méditations de façon amusante. Ainsi "Camping" s'ouvre avec la photographie d'un magnifique martin-pêcheur, et "La Nature" avec celle d'un randonneur arpentant un sommet...

Acheter "bio", se chauffer au bois, se déplacer à bicyclette, c'est peut-être plus respectueux de "La Nature" que d'autres modes de vie plus répandus. Je ne veux pas en débattre ici, même si je veux remarquer au passage que ceux qui effectuent actuellement de tour de l'hexagone, suivis de deux cents voitures publicitaires étalées sur une distance de vingt kilomètres, ne donnent pas vraiment l'impression de respecter la nature... humaine.

Alors, revenons au sujet du blog du Yéti, le 7 juillet... Déjà, rien que le titre incite à l'évasion: La Nature... Tu as fait court, Yéti, mais tu as pointé nos rapports avec cette nature, les hommes, la tragédie humaine et l'art. En effeuillant mes pieds de tomate, pour donner force aux fleurs et aux fruits, ce matin, c'est à cela que je songeais. Les mains imprégnées de leur parfum puissant si proche de celui du céleri, j'ai rejoint mes rosiers pour y ôter les "gourmands", j'ai humé mes pois de senteur et admiré mes glaïeuls roses et blancs perchés sur leurs hampes d'un mètre trente, au milieu des menthes poivrées et des ombelles blanches des pimpinelles... Alors que j'arrosai les géraniums et les volubilis bleus me revenait cette sentence de Fernando Pessoa, ce poète portugais que j'aime tout en étant si peu d'accord avec tellement de ses idées (sociales, particulièrement): "Toutes les opinions sur la nature qui ont cours n'ont jamais fait pousser une herbe ou naître une fleur". Je pensais encore à ce livre pétillant de Muriel Barbery - "L'élégance du hérisson" (NRF Gallimard, novembre 2006) - que je viens de lire et qui dit quelque chose comme "c'est fou comme les hommes interprètent la nature et croient pouvoir y échapper" et qui, à l'instar de certains d'entre nous pensent, "... moi, je me fiche de l'endroit où je suis, pourvu que j'aie le loisir d'aller sans encombre dans ma tête".

Mais quelle idée nous faisons-nous de la Nature ? Cette nature n'est nulle part inhabitée, aujourd'hui, sur notre planète. Cette nature ne vieillit pas, n'est pas soumise au temps qui passe même si elle vit selon des cycles saisonniers. Y a-t-il un mystère de La Nature ?

Fernando Pessoa ("Le gardeur de troupeau") nous en dissuade: "Oui, même moi qui ne vis que de vivre, invisibles viennent me rejoindre les mensonges des hommes devant les choses, devant les choses qui se contentent d'exister" (XXVI), et il ajoute: "Il faut ignorer ce que sont les fleurs, les pierres et les fleuves, pour parler de leurs sentiments. Parler de l'âme des pierres, des fleurs, des fleuves, c'est parler de soi-même et de ses fausses pensées ... /... Je sais que je comprends la Nature du dehors: et je ne ne la comprends pas du dedans parce que la Nature n'a pas de dedans - sans quoi elle ne serait pas la Nature" (XXVIII).

Il va plus loin en nous prévenant que: "le souvenir est une trahison envers la Nature, parce que la Nature d'hier n'est pas la Nature. Ce qui fut n'est rien, et se souvenir c'est ne pas voir". Il nous livre sa méthode, sa démarche, face à la Nature: "Je cherche à dire ce que j'éprouve/ sans penser à ce que j'éprouve./ Je cherche à appuyer les mots contre l'idée/ et à n'avoir pas besoin de couloir/ de la pensée pour conduire la parole.../... Je suis le Découvreur de la Nature./ Je suis l'Argonaute des sensations vraies./ À l'Univers j'apporte un nouvel Univers/ parce que j'apporte à l'Univers l'Univers lui-même" (XLVI). Et il débouche alors ici: "... J'entrevis, ainsi qu'une allée entre les arbres,/ ce qui peut-être était le Grand Secret,/ ce Grand Mystère dont parlent les faux poètes./ Je vis qu'il n'y a pas de Nature,/ que la Nature n'existe pas,/ qu'il y a des monts, des vallées, des plaines,/ qu'il y a des arbres, des fleurs, des herbes,/ qu'il y a des fleuves et des pierres/ mais qu'il n'y a pas un tout dont cela fasse partie,/ qu'un ensemble réel et véritable/ n'est qu'une maladie de notre pensée.

La Nature est faite de parties sans un tout. Peut-être est-ce là le fameux mystère dont on parle" (XLVII).

De ceci, ne rejoignons-nous pas cet avis de Muriel Barbery ("L'élégance du hérisson") lorsqu'elle avance que: "nous aspirons... à un plaisir sans quête, nous rêvons d'un état bienheureux qui ne commencerait ni ne finirait et où la beauté ne serait plus fin ni projet mais deviendrait l'évidence même de notre nature. Or, cet état, c'est l'Art."... "L'Art c'est l'émotion sans le désir".

Je ne peux pas terminer cette rêverie à ton invitation, Yéti, à propos de la Nature, sans demander à tous ceux qui ont répondu à la même invitation, d'écouter "River", ou "A little bit", ou encore "Once in a while", chantés par Madeleine Peyroux dans son CD "Half the perfect world".

À ciao et fraternité,

NOSE DE CHAMPAGNE.          

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